Nous connaissons tous la phrase prononcée par Neil Armstrong lorsqu’il fit le premier pas sur la Lune. Mais nous connaissons moins l’exclamation de Buzz Aldrin, le deuxième astronaute qui, libre de toute injonction de la NASA, s’extasia : « Belle vue ! »
Considérée comme marginale ou secondaire, la pratique de la publication initie, dans le passage du XXe au XXIe siècle, les expériences artistiques les plus libres et les plus toniques. BELLE VUE est le portrait sensible d’une génération furtive qui considère l’espace publié comme un espace public et l’acte de diffuser comme un acte artistique. Le livre écrit une histoire de l’art, parallèle au marché, qui fait la part belle aux circuits courts et aux économies autonomes. Collaboratif par définition, l’acte éditorial expérimente la dispersion de l’autorité et met à l’épreuve le mythe de l’originalité. Au croisement de l’information, de l’action et de la création, les pratiques éditoriales se jouent des disciplines et redistribuent les valeurs. Les actrices et acteurs de la microédition composent avec toutes les énergies constitutives de la création ; tour à tour chercheurs, artistes, éditeurs, curateurs, collectionneurs et amateurs. À partir de vingt-cinq ans de recherches et d’actions au Centre national édition art image (cneai =), un centre d’art situé aux marges de Paris, cet ouvrage compile des sources de réflexions sur l’œuvre comme média, comme partition et comme reproduction au sens de la version. Un mikado de citations, d’images et de récits croise les champs de l’ethnologie, de la politique, de l’économie, de la philosophie et de l’art. Les deux cent cinquante courts textes et citations figurant dans BELLE VUE sont extraits de publications, conférences, revues, journaux, éphémères, feuilles d’exposition, sites internet, documentaires et de textes inédits.
Au-delà de l’histoire du Cneai, il y a dans ce livre une somme de références sur les énigmes relatives au surgissement artistique et à la confiance poétique. À rebours de la grande histoire de l’art et de ses standards académiques que sont l’unicité et la signature, BELLE VUE propose un point de vue alternatif et jubilatoire sur l’art. Chaque double-page est autonome. Le livre se prête à une lecture aléatoire.